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introduction.

celle de ces races qui a le plus de droit au titre « inenviable » d’être au plus bas de l’échelle. Les Fuégiens ont pour eux dans ce concours Cook, Darwin, Fitzroy, et Wallis. Mais les Buschmen, les Australiens et les Tasmaniens, les Andamanites et quelques tribus du Nord-Amérique comptent « en leur faveur » d’illustres autorités ; il semblerait, qu’après avoir été témoins du degré d’infériorité de ces races, chacun des voyageurs se soit dit : On ne peut aller plus bas ! Nus, sans abris qui soient incontestablement mieux construits que ceux des chimpanzés et des orangs, sans métaux, sans poteries, quelquefois sans même avoir l’idée de cuire leurs aliments, sans aucuns soins de propreté personnelle, livrés à une promiscuité complète, parfois sans animaux domestiques ni agriculture d’aucune sorte, sans aucune notion de devoirs, même envers les enfants, les malades et les vieillards, — ce ne serait qu’un jeu d’oisif de prendre la peine de prouver que sur bien des points certains animaux sont plus développés que ces peuplades, mentalement et moralement. Et, si dans cette énumération nous n’avons pas parlé du cannibalisme, c’est que quelques auteurs, trop pénétrés de l’idée que « l’homme » est d’une autre essence que les animaux, et sachant que les loups « se mangent entre eux » plus rarement que les hommes, ont été jusqu’à noter là une marque de la supériorité du règne humain ! Pour ce qui est du feu, d’une part, quelques voyageurs ont affirmé