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les anthropoïdes et les hommes.

cette distance augmentera. Ainsi que l’a fait remarquer M. Shaaffhausen : « Non-seulement les races humaines au plus bas de l’échelle, qui présentent dans leur organisation maints rapports avec les formes animales, finissent par s’éteindre, mais aussi les singes supérieurs qui touchent de plus près à l’homme deviennent de plus en plus rares, et dans quelques siècles ils auront peut-être entièrement disparu. »

S’il en est ainsi — et les faits contemporains le prouvent suffisamment — l’existence de formes fossiles transitoires, encore inconnues, acquiert un degré en quelque sorte mathématique de probabilité. On peut les chercher dans les cavernes avec un espoir aussi bien fondé que celui de l’astronome, que les perturbations des mouvements célestes dirigent vers l’espace inconnu. La mâchoire de la Naulette, évidemment pithécoïde, est, selon M. Broca, si réservé dans toutes les questions qui touchent à la transformation des espèces, « le premier fait qui fournisse un argument anatomique aux darwinistes[1]. » M. Prunerbey lui-même, et, selon lui, quelques crâniologistes de premier ordre, furent frappés, en contemplant ce maxillaire, de ses caractères tout à fait exceptionnels. Mais renvoyons, pour la question anatomique, au second et au troisième des Essais de M. Huxley, et,

  1. Voir, sur cette mâchoire, la discussion qui a eu lieu à la Société d’anthropologie (Bulletins, 1866, p. 584).