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transformation des formes organiques.

que confirmerait ultérieurement la sélection, cela est au plus haut point de probabilité.

Ce serait ici le lieu de tracer les lois générales qui président à toutes ces transformations. Mais on comprendra que nous laissions au lecteur le soin de déduire du tableau que nous avons esquissé l’idée d’un progrès dans la succession des êtres ; ce progrès toutefois n’est ni collectif ni universel. Il est individuel et particulier. La nature, dans son ensemble, n’a point accru la somme de ses forces, elle les a autrement réparties. En sorte que l’équivalence organique se retrouve, par l’accumulation chez l’homme d’une partie des forces autrefois disséminées dans le monde organique inférieur. Un tel résultat s’est produit en vertu d’une loi immanente dont M. Darwin a donné la théorie la plus ingénieuse, la concurrence vitale à la surface du globe, d’où résulte la prédominance, soumise à mille fluctuations, mais finalement décisive, des êtres supérieurs sur les inférieurs, c’est-à-dire le progrès : la domination de plus en plus marquée de l’homme sur les animaux en est la démonstration évidente. Mais bien loin que le progrès organique tende à multiplier les formes des êtres vivants, je pense, contrairement à l’opinion de M. Darwin, qu’il tend à les réduire et à supprimer, au profit de l’homme, toutes les races non domestiques, c’est-à-dire tout ce qui ne lui est pas d’une utilité immédiate. Ainsi l’état présent de