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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

plus vive synthèse, plus de concentration ardente. Il faut qu’en trente-cinq minutes on puisse prendre connaissance d’un poème lyrique ou épique… quitte à y revenir si l’œuvre a captivé. C’est ce que j’ai tenté dans les Noces de Sathan, Il ne faut pas mourir, Prière. La pompe est morte ; l’art nouveau s’affine de sourires.

Comme les casuistes sur un point de théologie, les contemporains se chamaillent sur l’alexandrin et le vers libre. Sans un autoritarisme vain, le rythme ne saurait être fixé pas plus dans le désordre que dans la règle. Chacun, selon son sujet et sa forme d’esprit, adopte ou se crée un rythme.

Certes la spontanéité a une particulière saveur. Avant tout la sincérité. Aussi nous inclinons-nous devant les impulsifs purs tels que Musset, Verlaine, Laforgue, et plus récemment M. Gabriel Mourey. S’ils ne sont pas admirables de tout point, s’il ne faut pas toujours les suivre, — du moins aimons-les beaucoup.

Mais l’occultisme c’est la certitude profonde et durable ; il ne connaît ni lassitude ni à-coups. Avec une violence de mâle et une intuitivité de femme, il se précipite à l’Absolu.