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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

Réaction contre l’hypocrisie de l’École du bon sens de Feuillet et d’Ohnet, le naturalisme a analysé les appétits et les enthousiasmes, les extrêmes de la nature humaine active, extérieure, contingente ; les psychologues, depuis Stendhal, par conséquent très antérieurs, analysent les associations d’idées et de sentiments, la vie restreinte et intérieure. Chacune des deux écoles accomplit une œuvre parallèle, analytique et documentaire : elle met en place les éléments de la vie générale de l’homme seul. Le naturalisme étudia davantage l’homme soumis aux influences naturelles immédiates et concrètes ; le psychologisme étudie l’individu soumis aux influences psychiques des milieux sociaux ; le naturalisme, la domination des instincts animaux sur l’être raisonnable ; le psychologisme, les heurts de l’âme raisonnante et formée par l’éducation menteuse contre les aspérités des réalités sociales. Le réalisme de l’une et l’autre école est intense ; les analyses d’Adolphe sont aussi réelles que les analyses de l’Assommoir, les sujets d’expérience diffèrent, voilà tout.

Il n’y a plus grand monde ni dans l’un ni dans l’autre camp. Zola et Alexis restent seuls des naturalistes : Hennique, devenu spirite avec Un caractère : Huysmans, dans À rebours s’éloignant également de la formule ; Céard passé archiviste, et Maupassant, transformé en conteur pour salons.

— Les psychologues ?