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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

Quant au symbolisme, c’est le schématisme hiératique : ce mot n’a qu’un sens religieux, ou hermétique ; le Tarot, voilà un livre symbolique ; le Lingam, voilà un symbole ; extensivement on a appelé symboles les professions de foi collectives. Je ne comprends donc pas l’emploi de ce vocable, désignant tel poète sans croyance ni métaphysique.

Quant au Pèlerin passionné, poème de Shakespeare inséré d’ordinaire au même volume que le Viol de Lucrèce, Adonis, et les Sonnets, que vient-il faire en cette fantaisie habile où de curieux artificiers en métrique et lexique se groupent pour arriver et se nomment bizarrement pour être connus ?

Les psychologues, Monsieur, portent au moins une meilleure épithète, extensible, celle-là, aux génies, de d’Aurevilly et Villiers de l’Isle-Adam, en remontant jusqu’à Balzac et à ce Chateaubriand, le maître de tout le monde en ce siècle.

Ce qui remplacera la grossièreté des peintures et les jongleries de mots et de mètres ? La prostitution, Monsieur, car l’écrivain qui, au lieu d’imposer son propre idéal au public, incarne l’idéal courant toujours bas, est un prostitué. Je crois que l’avenir est aux filles, en art comme en tout, car je crois à la fatale et imminente putréfaction d’une latinité sans Dieu et sans symbole.

L’avenir appartient aux pollutionnels ; les uns pollueront la bourgeoisie, les autres la plèbe ; il y aura