Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

« Voyons, tu as été petit garçon, collégien, militaire. Tu es carabin ? employé de ministère ? canotier ? vélocipédiste ? Raconte ce que cela t’a fait voir, sentir, aimer ou haïr. Essaie de bien te rappeler, de tout te rappeler. Raconte-toi. Tout ça, c’est de la littérature : c’est la littérature. »

Certes oui, c’est ordinairement de la littérature qui nous est ainsi offerte. Mais il est permis de concevoir une forme plus haute de l’art, une émancipation de la pensée plus large que l’état autobiographique, une façon d’œuvre l’artiste, ne laissant point transparaître le secret de ses chemins, nous mène par plus de mystère dans l’émotion ou l’émerveillement.

Je suis trop respectueux de l’effort d’autrui, et d’ailleurs je me sais trop faillible, pour vouloir rechercher ici aucun type de l’écrivain dont je pourrais soutenir qu’il n’aurait eu besoin que d’une grande finesse d’esprit, pour ce qu’il a réalisé d’écrire, et non de ce don indescriptible, mais si sensible, qui constitue le vrai littérateur.

Mais, pour le type de ce dernier, quelques exemples me serviront à le caractériser parmi quelques-uns de ceux qui me semblent continuer le véritable cours de la littérature, et le marquer, dans le temps présent, comme le Rhône se marque dans le Léman.

C’est ainsi qu’il faut avoir dans les veines le plus pur sang de littérature pour engendrer Zôhar ou