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ENQUÊTE

l’étiquette symboliste est d’un placement trop rare, a pris cette étiquette romanesque que je n’eusse pas à songé à faire breveter, et tout simplement en marque ses produits absolument quelconques.

C’est dommage, car voilà une fois de plus un beau mot d’artiste gâté par l’usurpation d’un indélicat philistin. Je n’en crois pas ma destinée brisée, ni la gloire de M. Marcel Prévost mieux assurée. Je renonce simplement à ma décoration puisqu’un balourd me l’a fanée, mais je continuerai à faire des romans romanesques (sans les qualifier) parce que… c’est dans ma nature.

Dans cette préface de Contempler à laquelle il me faut revenir, je raillais surtout la mode grave adoptée par les farceurs contemporains de traiter scientifiquement toute affaire littéraire.

« Pourtant ils ne peuvent faire qu’un roman soit autre chose qu’une histoire feinte, écrite en prose, où l’auteur cherche à exciter l’intérêt, soit par le développement des passions, soit par la peinture de spéciales mœurs, soit par la singularité des aventures. À quelque jargon qu’ils aient recours pour avantager l’importance de leurs productions, quel que soit leur besoin de laisser croire qu’ils continuent Darwin ou Spinosa, il sera toujours facile de ramener là tous nos conteurs. Les qualités de profondeur ou de distinction que nos modernes prétendent qu’on leur reconnaisse, sont des qualités inhérentes au ca-