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ENQUÊTE

Que M. Zola, que la critique, s’accordent avec nous pour choisir un sujet commun de discussion littéraire, une œuvre symboliste définitive, en prose.

Afin d’écarter le soupçon de réclame, prenons un auteur mort de privations et d’ascétisme dans la pure foi à l’Art ; Jules Laforgue, si vous le voulez bien, Messieurs, et ses Moralités légendaires.

Vous aurez la complaisance délire avec quelque attention aussi impartialement que possible. Pour une fois vous laisserez à part votre souci constant de prévoir ce que penseront du verdict la dame chez qui l’on dîne le samedi et le monsieur chez qui l’on cause le dimanche. Puis, dans les feuilles où vous prîtes l’habitude de légiférer, vous coucherez votre sentiment, sous cette condition loyale que là même ou vous aurez opiné il nous sera loisible de répondre. Même vous vous inquiéterez de pourvoir à ce que le directeur de la feuille, étonné de nous voir lui offrir autre chose qu’une réclame payante pour le purgatif Untel ou la dernière entreprise sur les Métaux ne vous éconduise avec cette politesse d’usage : « Je regrette infiniment ; mais mon public est trop bête pour s’intéresser à cela. »

Si la critique accepte cette sorte de discussion, nous pourrons enfin croire que ce n’est pas la peur de révéler son ignorance qui l’empêche de se prononcer.

Agréez, mon cher confrère, les meilleurs de mes hommages.

Paul Adam.