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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

— La littérature elle-même, voyez-vous, c’est une préoccupation médiocre…

Mais se ravisant tout d’un coup :

— Pardon, pardon, je retire ce que je viens de dire là, c’est exagéré. Racine a fait de bien belles choses, et Voltaire ! Oh ! les lettres de Voltaire, voyez-vous, c’est divin, quels trésors n’y a-t-il pas là-dedans ! C’est admirable. Oh ! et puis nous avons dans notre temps de grands poètes, Leconte de Lisle, Sully-Prudhomme… Quel homme charmant ! Quel rare esprit, quelle élévation… C’est vraiment un grand esprit… un très beau poète…

— N’avez-vous rien lu d’Émile Zola ? demandai-je.

— J’ai lu un de ses livres, comment appelez-vous cela ?…

La Faute de l’abbé Mouret, dis-je avec une nuance de certitude.

— Juste. Eh bien ! c’est très bien, c’est très bien. C’est trop long… trop long, oui, un peu long… Oh ! c’est un homme d’une valeur incontestable. Mais il y a une telle abondance de descriptions là-dedans… il emploie bien… cent pages pour décrire le Paradou, comme il l’appelle, ce jardin, vous savez ? Oh ! il y a de très jolies choses. Mais enfin, dix pages ç’aurait été très suffisant, cent pages n’est-ce pas ?… Et puis, il y a des répétitions en grand nombre, ce n’est pas écrit, ce n’est pas travaillé, oh non !… c’est fait trop vite, on voit cela. Il aurait fallu encore un an de tra-