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ENQUÊTE

les échos analogues que peuvent éveiller ces sons, ces couleurs, ces états d’âme, sur notre organisation.

Pour être précis : il y a des liaisons entre la vision de la direction de bas en haut et la vision de la couleur rouge, entre la vision de la direction de gauche à droite et la couleur jaune. Une surface rouge paraîtra plus haute, une surface jaune paraîtra plus large, quoiqu’égales entre elles. Depuis longtemps on associe le haut avec les sons aigus, et le bas avec les sons graves, à tort, d’ailleurs, car il y a là l’indice d’un renversement dénotant dans l’âge moderne une évolution bien sensible d’autre part dans la tendance des diapasons vers l’aigu.

— N’y a-t-il pas une analogie entre vos théories et celles de M. René Ghil ?

— Les procédés littéraires de M. Ghil n’ont certainement aucun rapport, de près ou de loin, avec la science. Ce sont des fantaisies individuelles, logiquement construites et qui ont toutes les raisons d’être incompréhensibles. Voyez, au contraire, dans Rimbaud : à côté de folies gigantesques, des intuitions de génie qui vont au cœur de tout être cultivé. Une technique littéraire un peu précise supposerait l’accomplissement d’une psycho-physiologie raffinée dont nous sommes loin. Il y aura toujours, d’ailleurs, à la constitution d’une telle science, des difficultés tenant à l’influence de l’hérédité, de l’histoire spéciale