Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/441

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
415
SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

longtemps combiné son éducation nationale et toute son organisation pour atteindre ce but.

Donc, oui, je crois à l’avenir d’un art qui serait le contre-pied de toute méthode logique ou historique ordinaire, précisément parce que les cerveaux, fatigués d’efforts purement rationnels, auront besoin de se retremper dans des états d’âme absolument opposés. Voyez, d’ailleurs, la faveur singulière des doctrines occultistes, spirites, etc., qui, elles, sont en contresens, puisqu’elles ne peuvent satisfaire ni le raisonnement, ni l’imagination.

— Le symbolisme vous paraît-il être l’une des manifestations de cette tendance nouvelle ?

— Oui, je serais disposé à y voir une intuition peut-être mieux précisée d’un art nouveau.

Mais l’intuition de cet art est de tous les temps. Il y a dans la Vita nuova de Dante, et dans les mystiques espagnols, des pages admirables qui resteront classiques à ce point de vue.

Plusieurs ont compris, parmi les symbolistes actuels, mais plus ou moins vaguement, qu’outre les liens logiques des idées, il pouvait y avoir entre les images des associations inséparables fondées sur des lois purement subjectives. Par exemple qu’entre l’audition de certains sons, la vision de certaines couleurs et le sentiment de certains états d’âme, il pouvait y avoir des liaisons intimes, inexplicables par des concordances objectives, et dont la raison est dans