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ENQUÊTE

deux choses-là, resteront comme l’une des hontes de la France… Voyez comme Alfred de Vigny aussi parle de Richelieu ! C’est curieux ! De même Walter Scott, l’un des plus grands génies depuis Homère, pourtant, n’a pas compris Cromwell…

— Votre théorie sur l’avenir de l’art ?…

— Ce qu’il faut, c’est l’introduction dans la poésie de l’utopie… L’utopie, c’est la haute poésie, c’est la conception idéale de la société d’après la connaissance exacte de cette société.

Des hommes partant avec une culture supérieure, avec une pondération d’idées plus parfaite, doivent avoir nécessairement des visions plus élevées, plus harmonieuses des choses. Et les poètes de l’avenir, trempés aux sources de la haute raison positive, de la science humanitaire, obéiront à leur destinée qui est de toujours reculer les bornes de l’Idéal.

Mais l’art suprême n’a pas encore de destination claire et précise, parce que la société n’en a pas elle-même, dans sa situation présente.

Dès qu’une philosophie sera devenue prépondérante, quand le positivisme aura fait pénétrer dans de nobles esprits ses grandes notions de science, de méthode, d’harmonie générale, animés de cela ils auront des conceptions esthétiques tout à fait neuves. Mais, en attendant, faute d’une conception homogène des choses, on erre dans des tentatives de toute nature, sans méthode et sans but ; de là cette impuis-