Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/424

Cette page a été validée par deux contributeurs.
398
ENQUÊTE

et éprouvées, pourront trouver leur place parmi les strophes choisies pour les œuvres définitives.

Ces œuvres définitives je les crois devoir entièrement s’inscrire en strophes neuves, car s’il est vrai qu’on peut englober l’ancienne métrique comme une série de cas particuliers de la nouvelle, il vaut mieux pratiquement éviter les mélanges ; enguirlander de vers libres des strophes d’alexandrins, c’est s’exposer à parler bègue.

Vous voulez bien me demander mon avis sur des contemporains, et s’ils ont produit des œuvres types de la formule ?

De la mienne, assurément pas ; de la leur je ne le crois pas. D’ailleurs je ne tiens nullement à m’occuper de personnalités, sauf pour de légitimes revendications.

À votre dernière question : « Verlaine et Mallarmé sont-ils les pères du mouvement nouveau ? » je vous répondrai nettement : « Au plus des oncles ». Verlaine est certes un grand poète élégiaque et catholique, fréquent en beaux vers rares.

Mais l’unité du mouvement symboliste étant une réaction contre le réalisme, il faut bien admettre ceci : que les jeunes poètes furent de bonne heure disposés à lire autre chose que M. de Goncourt et à regarder autre chose que Courbet. Donc ils ont lu ou ont dû lire, de choix et aux moments de délassement, les vieux poèmes d’antiquité des races, les légendes,