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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

dans une conscience avec un personnage principal, se multipliant en une foule de personnages qui ne sont que facettes de ses idées avec l’évocation du reflet sur sa conscience des personnages qu’il évoque comme interlocuteurs, tandis que dans un drame pur on ne doit présenter que des personnages entièrement figurés et définis.

Il va sans dire que le livre de vers, au lieu d’être un drame, peut être une comédie ; il va sans dire aussi que ces livres de vers doivent se compléter par des livres de prose. Mais pour l’esthétique du livre symboliste en prose je me réserve de n’en parler qu’après l’apparition de ma première tentative en ce genre ; vous admettrez la même réserve pour l’œuvre de théâtre que je projette.

Est-ce à dire qu’il faille s’interdire toute incursion dans d’anciens rythmes ? Certes non — les musiciens écrivent bien des pièces dans le style ancien ; puis les vieux rythmes peuvent être précieux pour la farce comme ces vieux dieux qu’on mène encore au carnaval dans les pièces bouffes.

Ajoutons aussi qu’à côté des poèmes architecturés on peut faire parfois, quand les proportions et l’âme du sujet l’exigent, des poèmes qui seraient au grand poème symbolique ce que les rapsodies tziganes sont à la musique symphonique ; mais, dans ces petits poèmes, devra-t-on prodiguer les vraies curiosités rythmiques, les strophes neuves qui, ainsi essayées