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ENQUÊTE

L’ensemble de tous ces chapitres ou facettes constitue le livre. Cette idée, comme vous le voyez, ressemble un peu, quoique beaucoup plus complète, à celle de M. Henri de Régnier ; j’aurai toujours eu le mérite de la lui apprendre comme en font foi les publications de la Vogue (1886), mes articles de critiques et poèmes de la Revue indépendante (1888) et mes Palais nomades (1887), le premier livre construit en vertu de cette technique qui m’est personnelle.

Dans ce poème des Palais nomades, comme dans deux livres très proches, les Chansons d’amant, et le Livre d’images, j’adopte le principe d’expliquer le fond même de l’idée poétique par de relativement longs poèmes et d’en donner la concrétion avec toute facilité pour l’intelligence du lecteur, en de brèves et simples chansons ; c’est en même temps dans ces poèmes et critiques que j’ai émis l’idée non plus de suivre pas à pas les sensations des personnages principaux du livre, mais de me borner à clicher en leur suite et leurs contrastes les principaux moments de leurs crises d’âme, de leurs lueurs d’âme ; et cette idée je la revendique quoiqu’elle vous ait été contée par M. Stéphane Mallarmé, car si M. Stéphane Mallarmé comme poète est pour moi un ancêtre, je lui suis antérieur comme créateur et esthéticien du poème libre.

Pour moi, le livre de vers est un drame se passant