conditions sera fragile, elle n’en restera pas moins curieuse comme chose exotique. Je me risque donc, enhardi par votre flatteur encouragement.
» Vous me posez les questions suivantes :
» 1° Où en est le naturalisme ?
» 2° Le mouvement symboliste a atteint la Belgique ; quelle en est la portée, quel en est l’avenir ?
» 3° Les personnalités littéraires belges ?
» En guise de veillée des armes, je viens de lire les procès- verbaux de votre Enquête, déjà publiés. Ils me laissent une impression étrange. De vie d’abord, car vous avez réussi à mettre admirablement en scène les hommes qui composent cette élite littéraire dont les noms nous sont familiers, à nous Belges lointains : Salve, Gallia, Regina ! D’effroi, ensuite, à cause de l’âpreté des jugements de tous les personnages les uns à l’égard des autres. Vraiment, votre Enquête est révélatrice d’une situation que vous ne cherchiez pas à mettre en lumière. Vous vous demandiez : Où en est le Naturalisme ? où en est le symbolisme ? — et voici que vous nous révélez où en est la fraternité littéraire à Paris. Que d’animosités, grands dieux ! que de rancunes, d’amères querelles ! quel acharnement dans les rivalités et de mauvais vouloir réciproque ! il m’a frappé, ce propos que vous a tenu Zola : « Surtout, réunissez cette enquête en volume. Je tiens à avoir cela dans ma bibliothèque ; quand ce ne serait que pour conserver le souvenir de cette bande de