Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/397

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
371
SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

tenir à ce que, précisément, je n’ai aucune idée sur tout cela. Je vous l’ai dit, les théories littéraires n’offrent pour moi aucun intérêt. Elles ne valent que suivant l’usage qu’on en fait. Il est toujours permis d’essayer de renouveler la langue et de modifier la métrique. Il y faut seulement beaucoup d’intelligence, d’art, de tact et de mesure, — qualités qui ne foisonnent pas.

» Je pense que les novateurs devraient, en général, se montrer d’abord capables d’exceller dans les formes en usage ; si leur maîtrise de la langue et de la métrique actuelle étaient incontestables, leurs innovations feraient réfléchir davantage.

» Sur toutes les questions de métrique et de langage que l’on a agitées ces temps-ci, il est très facile d’émettre les théories les plus diverses et de les justitier par des arguments. Je demande à ne pas prendre part à ces joutes de dialectique. Quant à juger en bloc ou séparément un grand nombre de jeunes écrivains, dont la plupart me sont peu familiers, je m’en sens tout à fait incapable. Je n’ai point qualité pour le faire, et j’aurais d’ailleurs peu de goût à distribuer à mes confrères des bons ou des mauvai| points. Je pense que, parmi les poètes, jeunes ou vieux, malgré toutes les différences de tempérament et d’esthétique, chacun fait de son mieux ; du moins c’est mon cas. Je demande qu’on me laisse travailler dans mon coin, et j’accorde la même licence aux autres.

Je ne sais trop que répondre à votre question sur