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ENQUÊTE

du moyen-âge, se délectant à la lecture des génies

latins ou grecs, non encore divulgués, et copiés sur des parchemins richement enluminés.

Nous parlâmes du Pèlerin Passionné.

— Alors, M. Bergerat :

— Mais il n’y a rien là-dedans ! Je ne peux pas prendre cela au sérieux ! Ces vers libres, sans rime, ça me fait absolument l’effet de ces traductions juxtalinéaires que nous avions au collège ; d’un côté le texte latin, découpé par membres de phrases, de l’autre le français serrant le latin du plus près possible, conservant les inversions. Ça faisait des vers symboliques.

Oui, ils veulent supprimer la rime ! Quelle plaisanterie ! Qu’est-ce qui s’en est jamais plaint ? On l’a dans le sang, la rime ! À quinze ans, la nature dit à un jeune homme s’il est poète, ou s’il doit se contenter de la simple prose…

À propos du symbolisme au théâtre, et de Chérubin, la dernière pièce de Morice :

— Mais, mon Dieu ! ces personnages avec un caractère tout d’une pièce, c’est la tragédie d’autrefois, pas autre chose. Et puis, vous m’avouerez que, franchement, (quand on a quelque chose dans le ventre, on n’a pas besoin d’aller chercher des noms classiques pour les transposer dans un autre moule. Pourquoi ne pas en créer de nouveaux ?