Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/379

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
353
SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

encombrées), il faudrait être clair, précis. Autrement ça ne restera pas.

— Vous avez lu les psychologues ?

— Oui, je les connais un peu. — Bourget. Du talent. Mais voyez-vous, moi je ne voudrais pas rien que de la psychologie, il faut mélanger. De la psychologie et de l’action. — Barrès : j’ai lu de lui l’Homme libre ; du talent, évidemment. Je l’ai connu quand il est arrivé à Paris. Oui, du talent. Il avait fait sur moi un article très élogieux dans une Revue de Jeunes. Mais il a versé dans le boulangisme et, depuis lors, vous comprenez… il y a un fossé entre nous.

Enfin, pour me résumer, je veux bien qu’on fasse tout, qu’on essaie tout : faites du nouveau, tout ce que vous voudrez ! La liberté absolue ! c’est la seule formule, encore une fois ; pas d’école.

Et puis, il ne faut pas qu’on oublie que c’est à 1830 qu’on doit, en même temps que la liberté de l’art, la vérité ! Quand don Carlos demanda dans Hernani : « Quelle heure est-il ? » et qu’on lui répondit : « Minuit » et que, dans Othello on osa prononcer « mouchoir » au lieu de « royal tissu », les salles de théâtre tremblèrent sous les sifflets : c’est de ces simples mots que date l’avènement de la vérité dans l’art.

Donc, si l’on peut se permettre tant de privautés à présent, c’est au romantisme qu’on le doit, c’est à Victor Hugo, c’est à nous : le naturalisme lui-même est un produit direct du romantisme. Même Zola