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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

sorber ! Eh bien ! si, pour deux hommes on ne peut trouver de classification commune, comment voulez-vous admettre que les écoles signifient quelque chose, et quelle peut bien en être l’utilité ?

Ce besoin de classifier et de faire des théories mène à d’étranges aberrations. Pour beaucoup de gens, même encore à l’heure qu’il est, le romantisme signifie Renaissance, Moyen-Age. C’est absolument faux ! Ni dans le théâtre, — à part les Burgraves, qui est un de ses derniers drames, — ni dans ses romans, à part Notre-Dame de Paris ni dans son œuvre poétique, on ne peut trouver le prétexte d’une telle théorie.

Le romantisme a signifié : Liberté ! Pas autre chose. Et nous tous, nous n’avons jamais obéi à une autre formule ! C’est ainsi que je considère Hugo comme le plus grand poète, mais que je ne partage pas du tout ses idées, que je ne n’accepte pas sa philosophie. Lui voyait Dieu partout ! l’Homme n’était qu’un mode de la divinité. Moi, au contraire, je pars de l’Homme. En philosophie, voyez-vous, je ne suis rien. Ni matérialiste, ni idéaliste, c’est-à-dire que je suis les deux en même temps ! N’avons-nous pas une âme et un corps ? Vous pouvez vous laisser aller aux rêves les plus extravagants ; parfait ! Mais ce n’est pas une raison pour ne pas surveiller vos boutonnières ! Voyez-vous, le moyen d’imiter Hugo c’est de faire autrement que lui ! Moi je veux être précis, scientifique si vous voulez…