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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

doctrines que des hommes qui l’ont incarné ? » Mais, pour moi, c’est la même chose… Les doctrines sont le reflet du tempérament des hommes, et, par conséquent, héritent de leurs défauts. Et puis, le naturalisme, c’est Zola, Zola tout seul. Daudet est en dehors, et pourtant, c’est lui qui a le mieux appliqué les théories du naturalisme, ce qui n’empêche pas que le naturalisme, c’est Zola, Zola tout seul. Que voulez-vous que je vous dise ?… Quant aux Goncourt, ce ne sont pas des naturalistes, ce sont des artistes précis, délicats, rien moins que des naturalistes…

M. Lemaître avait, devant lui, la lettre que je lui avais écrite la veille et qui contenait toutes mes questions. Il poursuivit, lisant :

— « Qui remplacera le naturalisme ? » Eh bien ! ce sera… D’abord, il y a une telle anarchie dans toutes les manifestations de l’art, qu’on ne peut plus s’en rapporter aux étiquettes ; les étiquettes, ça se colle comme on veut ! Mais enfin, on a fait un tel abus de mots et de couleurs qu’on arrivera fatalement à une littérature plus sobre, plus synthétique pour ainsi dire, avec des impressions brèves, comment dirai-je, comme piquées (l’extrémité du pouce et de l’index joints, M. Lemaître fait, de l’avant-bras, le geste menu de lancer des fléchettes), et que l’on comprendra sans explication, sans détail.

— Les psychologues ?