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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

si jeune quand il touchait déjà à la gloire. Il me le fallait donc consulter ici.

— L’école symboliste ! me dit M. Pierre Quillard en commençant. Mais vous savez bien qu’il n’y a pas d’école symboliste, et que, sous ce nom, on a réuni, bien arbitrairement, des poètes du plus réel talent et de purs imbéciles. Ne parlons pas des imbéciles pour ne faire de peine à personne ; mais, même parmi les gens de talent, les différences de composition, de langue, de rhythme — avec deux h ! — apparaîtraient, s’ils se voulaient donner la peine de quelque attention, au plus stupide et au plus malveillant des critiques, et certes !… Henri de Régnier, en qui je salue parmi ceux de notre âge le plus noble et le plus admirable des poètes — oui, le plus admirable — dans ses Poèmes anciens et romanesques, d’or mourant et de pourpre violette, comme les toiles de Puvis de Chavannes ; F. Vielé-Griffin, qui unit dans Joies l’âme du plus subtil artiste à la simplicité des chansons populaires ; Stuart Merril, amoureux des gemmes et des métaux rares ; Marcel Collière, qui célèbre la Mort de l’espoir ; A.-F. Hérold, qui se complaît aux peintures de vitrail ; Jean Moréas, troubadour et rhapsode, et Saint-Pol-Roux, visionnaire d’images violentes et tumultueuses — et tant d’autres — n’ont-ils pas tous leur autonomie et leur caractère propre ? Être d’une école, c’est se nier toute originalité, n’être pas un poète ! Celui d’entre nous, qui s’en est allé