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ENQUÊTE

toujours, ceux qui composèrent des poèmes ont été symbolistes ! Pourtant, il faudrait s’entendre. Si l’on désigne par symbole l’allégorie et la métaphore, il y en a partout, même chez Nicolas, qui montre le Rhin appuyé d’une main sur son urne penchante

Mais, de vrai, les symbolistes, qui n’ont aucune esthétique nouvelle, sont exactement ce qu’ont été en Angleterre les euphuistes, dont le langage a laissé de si détestables traces dans Shakespeare ; en Espagne les gongoristes dont le parler « culto » sigilla toute la poésie des siècles derniers, depuis les « agudas » amoureuses de Cervantes jusqu’à la glose de sainte Thérèse : « Yo muero porque no muero[1] » ; en France, la Pléiade, au redoutable jargon continué par les Précieuses, que railla et pratiqua Molière ; en Italie les secencistes fauteurs de si terribles pointes, le cavalier Marin, l’Achillini et tant d’autres : « Sudate o focchi a preparar metalli ![2] »

— En voulez-vous donc aussi aux archaïsmes ?

— Les archaïsmes des ronsardisants modernes ont été fort agréablement raillés par Rabelais, pour ne citer que des souvenirs nationaux (car s’il faut en croire Suétone, Auguste reprochait à son neveu Tibère ce genre de cruauté). L’Écolier Limousin ne parle pas d’autre sorte que les plus accrédités poètes de notre temps :

  1. Je me meurs de ne pas mourir !
  2. Suez, ô feux, à préparer les métaux !