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ENQUÊTE

revenir. Mais on peut répéter tout de même, c’est si vrai ! que l’alexandrin permet de tout faire, de tout dire. Ils vous parlent de rythmes nouveaux ! Oui, je sais bien, Ronsard en a trouvé d’ingénieux, de bizarres, d’amusants, et il s’en est servi, comme les autres, quand il a voulu s’amuser. Mais, quand la passion vous enlève, comme on y revient bien vite, au bon alexandrin ou au vers de huit pieds, et à la bonne strophe carrée, et avec quelles délices on laisse couler son cœur dans ce vieux moule ! Hugo aussi s’est amusé à en trouver, des rythmes amusants. Parbleu ! quand on écrit Sarah la baigneuse on n’emploie pas le vers de la Tristesse d’Olympio ! Hugo…

Et M. Coppée rit de son rire sonore.

— Hugo, qu’ils estiment un « poète regrettable » ! C’est à mourir de rire, ma parole ! Hugo qui est l’honneur de la poésie tout entière, aussi grand qu’Homère et que Virgile, — plus grand que Virgile ! car il est plus varié, — Hugo qui restera comme la gloire du dix-neuvième siècle et de la France !

Ah ! ils sont bien rigolos !… Voulez-vous une cigarette ?

— Quels sont, alors, selon vous, ceux qui continuent la tradition poétique ?

— Leconte de Lisle vous a nommé Haraucourt et il a raison, Haraucourt fait de très jolis vers. Et puis, il y en a d’autres, sapristi ! Et Richepin, et Bouchor ! Et