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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

Moréas, dont l’archaïsme se modernise et se pimente d’un peu d’exotisme, m’intéresse, à vrai dire, beaucoup ; il a trouvé des rythmes curieux ; et puis, il y a chez lui un côté palikare assez piquant. Faire des trouvailles, c’est bien, mais enfin, de là à édifier des théories et à lancer des manifestes révolutionnaires, il y a loin ! Je ne veux pas oublier non plus Rodenbach, un poète envers qui on est injuste ; il est peut-être un peu juste milieu, mais il s’est dégagé des imitations et de l’influence de Coppée, il devient plus personnel, et il y a de bien jolies choses dans Du silence.

M. Mendès ajouta, comme s’il se parlait à lui-même :

— Ah ! ce n’est pas tout de couper les queues aux chiens qui passent ! À côté de ceux qui font du fracas, il y en a d’autres, qu’il faut écouter avec d’autant plus d’attention qu’ils sont plus silencieux…


M. JOSÉ-MARIA DE HÉRÉDIA


— Ces jeunes gens ! Tous fumistes ! Cette exclamation, lancée joyeusement par une jolie voix de femme à travers des éclats de rire, m’accueillit quand j’entrai dans le cabinet de travail de M. de Hérédia. Je me rappelai à temps, pour ne pas en être déconcerté, que c’était la dernière phrase