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ENQUÊTE

plus de jeunes écrivains de talent qui fassent autre chose : Maurice Barrès, cette jeune et si brillante intelligence, ce de Maistre, moins le dogmatisme, Pierre Loti, Rod, Jules Lemaître, M. de Voguë, que sais-je !

— 4o Le symbolisme est-il un résultat parallèle de cette évolution ?

— À n’en pas douter. C’est également une réaction contre l’absence d’âme, le parti-pris d’impassibilité et de sécheresse des Parnassiens ; je sais bien que le Parnasse a cette croyance que l’impression de beauté doit venir de la pureté et de la noblesse des formes ; mais à côté de la Vénus de Milo, — non, ne parlons plus de la Vénus de Milo ! — à côté de la Victoire de Samothrace, par exemple, n’y a-t-il pas de place, comme le disait si bien Henri Heine, pour l’émotion des lignes vivantes, au besoin désordonnées ? À côté du vers parnassien qui, avec Leconte de Lisle, Catulle Mendès, de Hérédia, Silvestre, est resté presque classique, n’est-il pas permis de chercher un vers plus libre, plus élastique, plus vivant ? Ce qui m’a fait, en somme, prendre la défense de la jeune école, c’est ce bizarre et peu généreux parti-pris que leurs prédécesseurs ont mis à les combattre. Tout ce que les Parnassiens reprochent, en somme, aux symbolistes, leur avait été reproché, à eux, Parnassiens, dans le temps où ils luttaient eux-mêmes ; je parle pour de Hérédia, surtout, et Leconte de Lisle, car