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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

taient pas encore ranimées, et que les esprits demeuraient engourdis, sous le coup du désastre, son initiative s’employa aux premières tentatives de réveil littéraire. C’est ainsi qu’un peu plus tard, après le Parnasse, après la Revue fantaisiste, où il avait rassemblé les talents les plus originaux et les plus rares, il fondait la Vie populaire, destinée à diffuser dans les masses les chefs-d’œuvre de la littérature de ce temps. Son âme d’artiste passionnée pour toutes les nouvelles tentatives d’art, quoique follement éprise de préférences très marquées, n’a jamais montré d’étroitesse.

On connaît le poète exquis, le poète vivant et lyrique, d’une puissance pénétrante et douce, on connaît le romancier subtil, opprimant, le conteur inimitable, le dramaturge puissant et original des Mères Ennemies, des Frères d’armes, de la Femme de Tabarin, du Capitaine Fracasse, de la Reine Fiametta, de Justice, on a entendu le conférencier charmeur, le causeur adorable, on sait peut-être moins généralement sa passion musicale et l’œuvre de vulgarisation wagnérienne qu’il a entreprise des premiers en France.

N’est-ce pas Armand Silvestre qui le trouvait, avec ses fins et longs cheveux de soie blonde et sa barbe légère, « beau comme un demi-dieu » ? Et où sont ceux du monde des lettres que sa camaraderie n’a pas servis ?