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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

cratie, les grands salons se fermaient, et il n’eut guère, ce semble, l’occasion ou plutôt l’envie de fréquenter les femmes du monde. Sans cela, peut-être qu’étant alors encore souple, il se fût décidé à changer de matière d’expérimentation, et peut-être eût-il réussi ? Je dis : peut-être, car, au temps où tous deux vivaient encore, les Goncourt, avec leur finesse aristocratique, leur esprit délicat et raffiné, me paraissaient plutôt indiqués pour cette besogne subtile.


À ce moment, une petite fille de huit ou neuf ans entre dans le cabinet où nous causons. Ses longs cheveux flottent, elle est vêtue d’une robe rouge.

— Qu’est-ce que c’est ? dit le père doucement. La petite fille répond :

— Je venais t’apporter un crayon, tu n’en as jamais !

Et elle s’en va, sautillante.


— 3o Par quoi sera remplacé le naturalisme ?

— Par ce qui, déjà, lui a succédé, par le roman psychologique dont Bourget a repris la tradition. D’ailleurs, le mouvement est si bien marqué que même les disciples de l’école qui finit se mettent à la psychologie ! Maupassant, dans ses derniers romans, s’y adonne de tout son cœur ; Hennique avait dès longtemps lâché ; Huysmans n’avait, lui, jamais pris pied dans la vulgarité naturelle. Et il n’y a guère