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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

C’est la trouée boulangiste ! la catapulte ! Mais aujourd’hui, ils ne sont plus boulangistes : ils sont royalistes, impérialistes… ils ne sont plus symbolistes… Chacun tire la couverture à soi… Moréas a beau leur crier qu’ « Il n’est pas un ignorant dont les Muses ont ri, — je suis un Baudelaire avec plus de couleur, — et le plus grand formiste du siècle, c’est moi ! » — ils ne veulent rien entendre, et le Palikare reste seul sur sa galère.

Non, je ne vois pas de mouvement !

L’assonnance, le vers libre, c’est vieux comme la littérature. Et Gérard de Nerval en a glané de jolies gerbes dans les chansons populaires… Quant à l’instauration de Ronsard, c’est un mouvement… en arrière, et cela s’appelle d’un mot bien ordinaire : du pastiche. Je ne crois pas qu’il sorte de là un frisson nouveau capable d’électriser les foules.

Quant à l’avenir, je laisse au Sar Péladan le soin de pronostiquer.

— Mais n’avez vous pas été symboliste ?…

— Comment ! Un symboliste de la première heure ! J’ai fondé le journal le Symboliste. — Quatre numéros, avec Kahn, Paul Adam, Moréas, la collection complète. — C’était un progrès : notre précédente feuille, avec Paul Adam, le Carcan, n’avait tenu que deux numéros. Le titre vous indique ces tendances : nous devions flageller l’humanité de la belle sorte ; nous allions la dire, la vérité, au boulevard, à la