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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

— Ah ! si je les connais, les critiques ! Qui nous délivrera de ces esprits rétrogrades qui condamnent d’avance toute tentative originale, qui jugent les pièces sans les entendre, et dont le critérium d’art est la recette ! Pendant dix-neuf mois, dans la Revue que j’avais fondée. Art et Critique j’ai mené campagne contre ces aristarques, j’ai montré leur ignorance et leur cynisme, et j’ai gourmandé les auteurs, les comédiens et le public de leur aplatissement devant ces pompeux farceurs. À ce moment-là j’ai fait aussi mon enquête, en appelant à la Revue tous les littérateurs sans distinction d’écoles contre l’ennemi commun ; un bien petit nombre de ces jeunes, si prompts à se combattre les uns les autres, a répondu : ils sont si déférents auprès des nullités importantes, dispensatrices de la réclame ! Ce n’est que lorsque après avoir bataillé jusqu’au dernier jour, la Revue a été morte de misère, qu’ils ont osé m’adresser l’assurance de leur sympathie.

Et pourtant c’est de la critique que dépend l’avenir du théâtre. Je veux bien que l’art triomphe toujours en dehors d’elle, il n’en est pas moins vrai qu’elle est un obstacle qui, pour certains, devient insurmontable. Et puis, il n’est pas un seul critique qui fasse consciencieusement son métier (c’est, du reste, un horrible métier). Toujours des raisons d’à côté ! Pourtant que de choses intéressantes il y aurait à faire et à dire ! Je le vois par les quelques critiques techniques que