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ENQUÊTE

défigurent. Je ne parle pas uniquement de la nature morte ; mais, et surtout, de la nature vivante, pensante, agissante et je recherche la puissance artistique dans la synthèse des vérités naturelles, philosophiques et humaines, naturellement, simplement, humainement présentées. C’est ce que j’ai cru faire dans le roman et le théâtre ; mais je comprends parfaitement que d’autres aient de l’art une conception toute différente. L’art n’est pas une royauté vacante et il y a place pour plus d’une esthétique dans la république des lettres.

Ainsi le théâtre n’est pas un, il est aussi bien et même beaucoup plus romantique que psychologique ou naturaliste. Nous admettons les farces de MM. Bisson, Gandillot, Grenet-Dancourt, les mondanités inconsistantes de MM. Dumas, Pailleron et Meilhac ! À plus forte raison devons-nous accueillir avec joie les œuvres artistiques promises par : Verlaine, Mæterlinck, Moréas, Morice, etc. Cela ne nous empêchera pas de faire du théâtre tel que nous le sentons, et je plains sincèrement les symbolistes de ne pouvoir admettre et comprendre qu’eux seuls, quelquefois même un seul d’entre eux.

Je suis très curieux de les voir au théâtre, d’entendre le déchaînement de la grosse critique et les ricanements des soiristes, nous avons en perspective une jolie série d’articles imbéciles.

— Vous paraissez les bien connaître…