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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

les théories psychologistes, qui lui donneraient un objet différent mais une forme pareille, et qui en feraient également une œuvre d’exposition ou d’instruction.

« Entendons-nous : si je me sépare des naturalistes, c’est pour des motifs d’esthétique sérieuse, et je ne m’associe point à la réaction commerciale qui se tente contre le naturalisme aujourd’hui ; je ne réédite point le vieil acte d’accusation qui en incrimine la vulgarité, la lourdeur et le pessimisme un peu simple. — Je me sépare des psychologistes pour des motifs analogues, mais je veux encore moins m’associer à la croisade bouffonne qu’une partie de la jeunesse actuelle prêche contre les sciences et contre l’esprit de la modernité.

« Je crois tout au contraire que si nous prétendons créer de la beauté originale et portant bien la signature de notre époque, nous ne pouvons pas négliger ce qui est l’apport et l’originalité de notre époque. Je crois que la science psychique, et en général toutes les sciences, nous ont fait envisager l’homme et la nature sous des aspects nouveaux, et qu’il y a là de riches matières pour les œuvres futures, des mines d’art inexplorées.

« Il ne s’agit pas de prendre la science toute brute, et de la transporter par exemple dans le roman. À chacun son domaine. Quand on a lu le plus humble psychologue de profession, les découvertes du psychologue littérateur font sourire. Mais je crois ferme-