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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE


» Avec quel plaisir rare on s’abstrait de toute idée d’école ! Comme il est agréable d’admirer les œuvres en elles-mêmes sans s’infliger la préoccupation de classer leurs auteurs ! Est-il bien utile, pour juger leur talent, de s’inquiéter si MM. Zola, de Goncourt, Alphonse Daudet, Paul Bourget, Maupassant sont naturalistes, impressionnistes, ironistes ou psychologues ? Chez MM. Leconte de Lisle et Catulle Mendès n’aime-t-on pas les très puissants évocateurs et très merveilleux poètes qu’ils sont, et n’oublie-t-on pas volontiers les parnassiens dont ils furent et restent les maîtres incontestés ? De même ne suffisent-elles pas les admirables et charmantes personnalités chez des poètes tels que Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé, Dierx, Henri de Régnier, Vielé-Griffin, Jean Lorrain, Gustave Kahn ?

« Cette idée d’école tend à disparaître. Les groupes, en effet, ne cessant de se multiplier, un jour viendra sans doute où chaque écrivain formera son groupe à lui tout seul, réalisant le maximum de la personnalité. Ainsi serait accomplie non pas l’évolution littéraire, mais une révolution complète dans les idées reçues, ce qui, à mon très humble avis, serait encore mieux.

« Agréez, je vous prie, monsieur et cher confrère, l’assurance de mes biens dévoués sentiments.

« Gustave Guiches. »