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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

dans l’œuvre de Flaubert. J’ai vu défiler des symbolistes, des instrumentistes, des décadents, des naturalistes, des néo-réalistes, des supra-naturalistes, des psychologues, des parnassiens, des mages, des positivistes, des bouddhistes, des tolstoïsants, etc… J’ai entendu des imprécations furieuses, des rires amers, des exclamations de pitié, des anathèmes solennels, des analyses subtiles, des synthèses probantes, des proclamations éloquemment improvisées. Tout a été dit, redit et contredit.

« Comment ne pas se sentir à jamais troublé en présence de contradictions telles que celle-ci ? Plusieurs de nos confrères déclarent que le naturalisme est mort. Aussitôt un télégramme de M. Alexis annonce : « Naturalisme pas mort. Lettre suit. » La lettre démontre en effet que le naturalisme avait été inhumé par erreur et qu’il était on ne peut mieux portant. Alors, que penser ?

« Il est bien certain que si le naturalisme n’est pas mort, il a subi toutefois de fortes dislocations. Combien reste-t-il de naturalistes authentiques parmi les soiristes de Médan ? M. de Maupassant est retourné aux traditions de Flaubert si personnellement appliquées dans Boule-de-Suif. M. Huysmans a créé le supra-naturalisme. M. Hennique a évolué vers le spiritisme. M. Céard s’est adonné plus spécialement à la critique. M. Alexis reste seul naturaliste impénitent.

« Parmi les néo-réalistes qui paraissaient vouloir