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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

il faut en rechercher les premiers signes dans notre fameux manifeste des Cinq paru en 1887 ! Avons-nous été à ce moment, assez conspués ! On nous accusa de vouloir nous faire un peu de réclame sur le dos de Zola ; à présent tout le monde tombe d’accord que le règne du torchon est passé, tout le monde, le Pontife lui-même ! Et il est bien temps, en effet. D’ailleurs, Zola commence vraiment à se fatiguer… c’est vrai, depuis Germinal, il baisse… Vous ne trouvez pas ? Tenez, je viens de lire l’Argent. Plus que jamais il me fait l’effet d’un grand entrepreneur de bâtisse qui construit des maisons de rapport à six étages dans les quartiers ouvriers de la littérature… Et toujours la même distribution de pièces, les mêmes escaliers, les mêmes portes et les mêmes cordons de sonnettes. Au temps de la Conquête de Plassans c’était un architecte, qui savait vous installer avec goût un mobilier et choisir les tentures qu’il faut ; à présent, je le répète, c’est un maître-maçon qui fait coller les moellons les uns par-dessus les autres, v’lan ! ça y est. C’est de la copie de journal tout bêtement bâclée, avec autant de facilité qu’on démarquerait un fait-divers. Aujourd’hui il faut trois cents lignes ? les voilà ! C’est de l’ouvrage à l’année. Avez-vous lu cette phrase, dans l’Argent : « Jeantrou avait gardé sur le cœur les coups de pied au derrière que lui allongeait le père de la baronne ! » Si c’est permis d’écrire ainsi, avec une truelle !… Non, je vous dis…