Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/263

Cette page a été validée par deux contributeurs.
237
SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

Raffaëlli, de Chéret, de Willette, un portrait gravé d’Edmond de Goncourt avec une dédicace du maître, que j’ai vu, d’ailleurs, sans le noter toujours, chez la plupart des écrivains que j’ai jusqu’ici visités. Sur la cheminée, un bronze de Rodin, une faunesse au corps souple, au visage funèbre.

Avec une modestie qu’on sent sincère, il se retranche d’abord derrière les opinions intéressantes qui m’ont déjà été données. Puis dans la fumée des cigarettes et la chaleur de la conversation qui s’anime, il se laisse doucement aller à dire :


— Pourquoi faire, des Écoles ? Cela ne signifie rien, et le temps fait bon marché de ces classements arbitraires : voyez, au dix-septième siècle, Bossuet et La Fontaine, Corneille et Racine, Molière, Pascal et Saint-Simon ; au dix-huitième, Voltaire, Rousseau, Diderot, Chénier, toutes les personnalités accusées et contraires, et qui pourtant constituent cet ensemble qu’on appelle un siècle littéraire ; en ce siècle, le nôtre, c’est identique ! Non, à vrai dire, il n’y a pas d’École, il n’y a que des individus ; une École suppose des élèves, des imitateurs, et ceux-là ne sont pas intéressants ; il n’y a que le Créateur, la Force, le Maître, en un mot, qui compte et qui reste. Que deviennent les autres ? Ah ! il y a des dominantes d’idées, des orientations générales, il y a des courants de siècles, et sur ces courants, des barques à pavillons différentes,