Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/254

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228
ENQUÊTE

langisme, comme il a fallu combattre l’autre. Mais je suis tranquille, les artistes sincères vaincraient aussi aisément que vainquirent les honnêtes gens.

— Vaincrez-vous du coup les psychologues ?

— Les monarchistes de la chose, les ci-devant de la trouée, les fin-de-siècle de l’action parallèle, parbleu ! si vous désignez par là les « compréhensifs » dont je parlais tout à l’heure. Oui, M. Anatole France risque fort d’être mal payé de sa défection. Et cela réjouit la courte honte de ce scoliaste fielleux, dont les livres sentent si fort le bouquin I Quant aux psychologues exactement dits, c’est nous-mêmes tout bêtement ; de préférence, à la rigueur, ceux des nôtres qui réussissent mieux l’analyse des mobiles que la mise en scène des actes.

— Une réaction spiritualiste, la croyez-vous possible, du moins ?

— Il faut s’entendre. Le positivisme, bien qu’il domine la foule, est loin de l’avoir conquise ; il n’est, ne sera longtemps encore qu’une majorité morale, qu’une élite. Dès lors, que ses adversaires puissent, de temps à autre, soulever contre lui des tempêtes d’ignorance, des ressacs de snobisme, nul ne le conteste. Aujourd’hui, par exemple, le spiritualisme fait appel aux spirites, nous menace des tables tournantes. Nous en sourions, car il souligne ainsi le plus récent de nos triomphes : la pénétration, par la science, des phénomènes hypnotiques. Si nous avions besoin