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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

reportage — si bien informé — ne connaissaient, ne réclamaient que le médanisme, nous existions tout de même, nous, et valions, et comptions !

— Qui vous ?

Il s’écria, d’un souffle :

— Nous, les concrets, les complexes ; — oh ! réalistes, naturalistes, si l’on veut, bien que feu Champfleury et le médanisme aient fort galvaudé ces beaux termes ; — nous, les évolutionnistes, ou mieux encore les positivistes littéraires (oui, cette dernière appellation conviendrait, il me semble), nous les héritiers, les continuateurs de Sainte-Beuve et de Flaubert, enfin. Nous les artistes, épris du monde moderne, pénétrés de l’esprit scientifique, adeptes de la philosophie positive, qui vivons en communion directe et fervente avec l’âme du prodig-ieux, de l’incomparable siècle dont nous sommes ! Et ce n’est point là un vain privilège, puisque la théorie de l’évolution, au lieu de nous cristalliser à l’imitation classique comme de nous restreindre à l’originalité isolante, nous fait sciemment confondre nos aptitudes aux qualités des écrivains antérieurs, de telle sorte que notre voix, sans répéter particulièrement personne, témoigne néanmoins pour l’humanité tout entière.

— Je comprends, dis-je. Mais qu’entendez-vous au juste par « médanisme » ?

— Eh ! j’entends le puffisme de M. Zola, ses polémiques, ses manifestes, et les partis-pris de vulga-