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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE


M. JOSEPH CARAGUEL.[1]


Il n’est pas connu du grand public ; mais aucun de ceux qui ont été mêlés au mouvement littéraire depuis dix ans, aucun de ceux que j’ai interrogés jusqu’ici, ne l’ignore. Dans la génération — fille du naturalisme — tous sont d’accord pour apprécier les qualités de son esprit puissamment généralisateur, son intense passion de vérité, la hauteur intransigeante de son caractère d’artiste.

M. Joseph Caraguel n’a pas d’ennemis, ayant toujours repoussé les occasions de réclame, et, de parti-pris, décliné les avantages et les douteux honneurs des enrégimentements. Il se refusa, en 1887, à signer le Manifeste des Cinq, bien qu’il fût l’un des plus remarquables parmi les continuateurs de l’École réaliste.

Il a publié jusqu’ici deux volumes : le Boul’Mich et les Barthozouls, deux aspects différents de son tempérament d’observateur et de coloriste. Depuis, tous les instants de sa vie ont été consacrés à l’observation et à l’étude. Très attiré par le théâtre, il s’est essayé à traduire à la scène la complexité de la vie moderne, et ses amis attendent beaucoup de cette tentative.

Trente-cinq ans, un cou puissant, un teint coloré

  1. Voir Appendice.