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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

comme Rémy de Gourmont, Saint-Pol-Roux, Albert Aurier, critique d’art, et d’autres qui vraiment méritent mieux que le dédain de Zola. D’ailleurs, moi, je trouve que toutes ces « petites revues », comme il les appelle, c’est ce qu’il y a, à l’heure qu’il est, de plus intéressant à lire. Voyons ! l’Hermitage, les Entretiens et le Mercure, ça vaut tout de même mieux que la Revue des Deux-Mondes ! Et les chroniques, et les critiques qu’on y lit, sont diablement plus intelligentes et plus copieuses que les chroniques et les critiques de Sarcey et autres pisseurs de copie à six francs la colonne !

— C’est vrai, c’est vrai, dis-je.

— N’est-ce pas ?… Oh ! elle est bien développée chez moi cette horreur des critiques littéraires ! Oh ! les monstres, les bandits ! Vous les voyez tous les jours baver sur Flaubert, vomir sur Villiers, se vanter d’ignorer Laforgue, ce pur génie français mort à vingt-sept ans, qu’on s’acharne à montrer comme un décadent et qui ne l’est pas pour un sou, et prendre Marmeladoff pour un poète russe qu’ils ignorent. Vous les voyez tous les jours s’emballer pour les idées infâmes et sur les œuvres de bassesse, mettre le doigt avec une sûreté miraculeuse sur la médiocrité du jour, et s’étendre sur l’ordure et l’abjection, avec quelle complaisance porcine ! Oui, ils me dégoûtent bien les critiques littéraires ! N’en parlons plus, nous voici arrivés…