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ENQUÊTE

pas : Pourquoi as-tu cette maladie-là ? On l’étudie et on la décrit et on s’y intéresse ; or le symbolisme existe, c’est un fait. Eh bien, examinons-le, voyons ce qu’il offre de particulier. Moi, je demande qu’on dise toujours tout, et le reste. Il me semble pourtant que le rêve, tout légitime qu’il soit, devrait commencer seulement après la constatation de la réalité.

Par exemple, je sais qu’à côté du son qu’on tire d’une corde tendue, il y a des notes harmoniques qu’on n’entend pas, mais, je le sais, j’ai, pour établir ma certitude, des preuves scientifiques. Aussi, demanderais-je aux symbolistes qu’avant d’étudier l’au-delà, ils connussent d’abord le là ! Car s’ils ne tiennent compte que de la sonorité des choses, comme ils paraissent y tendre, ils auront vite fatigué ceux qui laisseront volontiers leur oreille artiste s’amuser un instant à la musique des mots, mais dont l’esprit a besoin, en fin de compte, d’images et d’observations précises.

La littérature est un résumé de tout, elle comprend aussi, à côté des agréments de la musique, l’ordonnance de la peinture et la proportion de l’architecture, elle comprend tant d’autres choses encore ! Il n’y a d’avenir pour un mouvement littéraire quelconque que s’il se soucie du côté scientifique. Baudelaire l’a écrit d’ailleurs, il y a longtemps : « Une littérature qui ne marche pas d’accord avec la science est une littérature suicide » et Balzac, d’autre part, l’avait prophétiquement compris alors qu’il adressait la dé-