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ENQUÊTE

plus volontiers indulgent aux pratiques de la chair. La physiologie peu à peu a amené quelque rapprochement, et l’heure n’est peut-être pas très éloignée où les deux éléments opposés finiront par se tolérer, sinon par s’entendre.

Quant aux symbolistes, j’imagine aisément qu’ils cherchent du nouveau, mais qu’ils ne savent pas exactement comment ils espèrent y atteindre. L’étiquette même qu’ils ont prise l’indique, ce sont les apôtres de l’immatériel, n’est-ce pas ? Par quel illogisme s’appellent-ils symbolistes, alors que symbole signifie représentation matérielle d’une idée !

Définition à part, je crois avoir deviné ce qu’ils prétendent réaliser. Ils ont cette préoccupation de rendre les notes harmoniques les vibrations infinitésimales des circonstances et des êtres. Ils ont entrepris de décomposer la sensation comme les impressionnistes tentent en leurs tableaux de décomposer la lumière. Il est évident que les mêmes objets n’ont pas pour nous la même signification à tous les moments de notre existence. D’où vient que dans une maison que nous connaissons, rien n’ayant changé de place, à certains jours, nous y sentons une atmosphère de tristesse, de querelle ou de gaieté ? Les mêmes choses ne nous affectent pas d’une manière identique, selon qu’il nous arrive un accident heureux ou défavorable.

De même, le même accord frappé sur le piano, quand nos oreilles sont ouvertes, ne produit pas pour