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ENQUÊTE

qu’il fait, lui, est très intéressant, et il sait écrire. Mais ses pages qui arrêtent l’attention, les pages descriptives surtout, c’est du naturalisme, pas autre chose, bien plus encore que du stendhalisme. Ensuite, il faudrait discuter un peu sur Stendhal et ses qualités. C’est un psychologue, oui, mais un mystificateur. Ce qu’on nomme sa psychologie résulte seulement de l’effort qu’il fait pour échapper à son instinct et à sa sensation. Voilà son intérêt ; il ne consiste pas dans la réalité de ce qu’il nous raconte, mais dans le travail de mensonge qu’il apporte dans ses analyses. Il faut tenir compte de cette nuance. La plume à la main, il se dupe lui-même et essaie de duper ses lecteurs, et je crois que tout son agrément vient de l’excès de son artifice. Sans doute, il est merveilleux, ce jeu d’esprit joué sur l’échiquier mental d’Helvétius et de Condillac, mais il faut le prendre pour ce qu’il vaut et s’en délecter, par virtuosité d’esprit, mais sans y attacher de souveraine importance.

Quant à ce que, dans le temps présent, on nous donne pour de la psychologie, c’est un simple retour à la pire scholastique du moyen âge. Des discussions sur des points de casuistique en dehors de l’humanité, c’est aussi négligeable que les devinettes et les rébus du Monde Illustré.

— Mais n’y a-t-il pas eu des violences dans le naturalisme ?

— Qu’appelez-vous violences ? Il y a eu le résultat