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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

— La psychologie ! Mais on n’en fait pas dans les livres ! Ce n’est pas une science dont les principes se déduisent d’eux-mêmes ; c’est l’empirisme de la vie ; elle n’existe que par l’accumulation des observations qu’on peut faire sur les autres et sur soi-même. Cela peut servir à poser des règles et des axiomes, mais qui sont alors purement du domaine de la philosophie ; ce n’est donc pas encore de la littérature ; car il ne suffit pas d’inventer de toutes pièces des personnages en leur attribuant arbitrairement tels ou tels goûts, telles ou telles habitudes comme le fait Bourget pour avoir fait ce qu’on pourrait de même appeler un roman psychologique. Tenez, voyez Bourget, il écrit quelque part cette phrase : « C’étaient des femmes d’un esprit très retiré, car elles habitaient au fond de la cour ! » Eh bien ! non ! si c’est là ce qu’on appelle connaître « les rouages du cœur humain », ça n’est vraiment pas fort I je crois plutôt que ces braves héroïnes demeuraient au fond de la cour parce qu’elles n’avaient pas le moyen d’habiter sur le devant ! Et puis cette langue de Bourget enchevêtrée, sans logique, épouvantable ! Vous avez lu la Physiologie de l’amour ? ces règles d’amour à l’usage des comtesses et des marquises qu’on dirait apprises dans les brasseries de femmes du quartier Latin ! Tout cela est à la fois naïf et prétentieux.

— Il n’y a pas que Bourget ! dis-je.

— Il y a encore Barrès qu’on classe aussi là. Ce