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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

du dénouement, par exemple ! car les madame Bovary réelles ne se suicident guère) et, bien davantage encore, dans Germinal.

» Mais vous, mon cher confrère, avec votre intéressante enquête sur l’Évolution littéraire, tout comme votre camarade Xau, avec la sienne sur la grave question des répétitions générales, vous venez tous deux de faire d’excellente besogne naturaliste. Un vent de naturalisme pénètre même à la Chambre, non pas, certes, les jours où nos honorables se traitent comme des crochetcurs ivres, mais les rares fois où ils accouchent de quelque réforme raisonnable et nécessaire. Enfin, vous n’ignorez point que M. Constans lui-même s’y prit en bon naturaliste lorsqu’il sut nous débarrasser du général Boulanger, lequel eut au contraire le romantisme de passer la frontière en croyant éviter le poison des Borgia.

» Voilà donc bien établi que le naturalisme n’est nullement ce qu’un tas de critiques ont eu le snobisme de croire. Ni une façon spéciale de tortiller le verbe écrit ! ni une affectation d’immoralité ou de brutalisme ! ni une panacée pouvant remédier au manque de talent ! Comme vous le disait M. Edmond de Goncourt, il consiste à remplacer de plus en plus l’humanité de « dessus de pendule » du romantisme, par de l’humanité d’après nature. Et maintenant se pose une question : « Existe -t-il de nos jours de vrais naturalistes, complets ? et en existe-t-il plusieurs ? »