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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

— Vous y revenez ? Vous y pensez encore ! Cela existe donc aussi ? Eh bien, ils auront beau faire, allez, ce n’est pas eux qui auront les reins assez solides pour fiche Goncourt bas ! Quand on a fait la Faustin, on peut être tranquille ; et, tenez, puisque nous parlions tout à l’heure d’exception, en voilà une, la Faustin. Goncourt l’a bien comprise, l’erreur du naturalisme, et il l’a évitée ; sa comédienne est une exception, elle est surélevée, elle est superbe ! S’il nous avait dépeint Schneider, ou n’importe quelle autre dans le genre, ça n’aurait pas intéressé.

« D’abord qui ça, les psychologues ? Bourget ? Avec ses romans pour femmes juives, sa psychologie de théière, comme l’a si bien qualifiée Lorrain. Barrès avec ses joujoux anémiques ? Mais un prêtre, n’importe lequel, un prêtre de campagne en sait mille fois plus long qu’eux ! Il y a dans ce siècle-ci un certain Hello qui est tout de même un peu plus fort qu’eux tous ; et, quand vous êtes arrivé, j’en lisais un autre, un mystique flamand du treizième siècle, le dénommé Ruysbrock, que Mæterlinck vient de traduire et de préfacer d’une façon superbe. Eh bien, vraiment, vous savez, il y a plus de science et de compréhension du cœur humain dans une page de celui-là que dans tous les Stendhal, tous les Bourget et tous les Barrès du monde !

— Selon vous, où va-t-on ?

— À vrai dire, je n’en sais rien. Le matérialisme