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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

de Forain, de rayons bondés de vieilles reliures, de Bibles in-folio ; une antique chasuble rose pâle et or couvre la glace de la cheminée. Dans le cabinet de travail qui fait suite, tout petit aussi, un feu de bois est en train de mourir ; il y a là des bois sculptés du moyen âge, des statuettes, des vieux cuivres, des fragments de bas-reliefs bibliques ; dans un cadre un curieux morceau de sculpture, le baptême de saint Jean-Baptiste, avec des détails ingénus : l’eau qui baigne les pieds du saint, au fond le soleil figuré par des traits rayonnants ; puis des gravures de Dürer et de Rembrandt et deux anges habillés de plis extraordinaires.

M. Huysmans a une quarantaine d’années, sa barbe et ses cheveux grisonnent, des cheveux taillés en brosse, une barbe courte et une moustache d’un pli naturel et gracieux ; le nez droit aux narines dilatées, la bouche large fendue, sensuelle et comme crispée, pourtant, par de l’amertume, de grands yeux verts ou gris.

Quand je fus assis, près du feu, dans un antique fauteuil, et que j’eus exposé mes questions :

— Évidemment, fit-il, le naturalisme est fini… Il ne pouvait pas toujours durer ! Tout a été fait, tout ce qu’il y avait à faire de nouveau et de typique dans le genre. Oh ! je sais bien qu’on peut continuer jusqu’à la fin des temps : il n’y aurait qu’à prendre un par un les sept péchés capitaux et leurs dérivés, toutes les