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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

lents et peut-être conviendrait-il de lui faire crédit. Pourtant cette réaction est logique, et, pendant dix ans, pendant quinze ans, elle peut triompher, si un homme paraît, qui résume puissamment en lui cette plainte du siècle, ce recul devant la science. Voilà comment le naturalisme peut être mort ; mais ce qui ne peut pas mourir, c’est la forme de l’esprit humain qui, fatalement, le pousse à l’enquête universelle, c’est ce besoin de rechercher la vérité où qu’elle soit, que le naturalisme a satisfait pour sa part.

Mais que vient-on offrir pour nous remplacer ? Pour faire contre-poids à l’immense labeur positiviste de ces cinquante dernières années, on nous montre une vague étiquette « symboliste », recouvrant quelques vers de pacotille. Pour clore l’étonnante fin de ce siècle énorme, pour formuler cette angoisse universelle du doute, cet ébranlement des esprits assoiffés de certitude, voici le ramage obscur, voici les quatre sous de vers de mirliton de quelques assidus de brasserie. Car enfin, qu’ont-ils fait, ceux qui prétendent nous tuer si vite, ceux qui vont bouleverser demain toute la littérature ? Je ne les connais pas d’hier. Je les suis depuis dix ans avec beaucoup de sympathie et d’intérêt ; ils sont très gentils, je les aime beaucoup, d’autant plus qu’il n’y en a pas un qui puisse nous déloger ! je reçois leurs volumes, quand il en paraît, je lis leurs petites revues tant qu’elles vivent, mais j’en suis encore à me demander où se