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ENQUÊTE

pouvais vraiment pas l’enterrer, dans mon Enquête, sans l’assentiment de ceux qui lui ont donné le jour et de ceux qu’il a fait vivre.



M. EDMOND DE GONCOURT


— Oui, répondit-il à ma première question, — je crois que le mouvement naturaliste — disons naturiste, comme s’expriment les Japonais, — je crois qu’il touche à sa fin, qu’il est en train de mourir, et qu’en 1900 il sera défunt et remplacé par un autre. Oui, il sera décédé à la suite d’une mort naturelle, sans s’être empoisonné, comme on le prétend, par ses œuvres, — et cela logiquement, parce qu’il aura un demi-siècle d’existence qui est la moyenne de l’existence des mouvements littéraires de ce temps : du romantisme tout aussi bien que du naturalisme. Et les deux mouvements littéraires auront fait chacun leur besogne : le romantisme aura infusé du sang neuf dans l’anémie de la langue de la Restauration ; le naturalisme aura remplacé l’humanité de dessus de pendule du romantisme par de l’humanité d’après nature.

Or, comme tout mouvement littéraire est une réaction contre le mouvement qui l’a précédé, il est incon-